mercredi 2 avril 2014

A demain

Hexagone de Meylan, Scène nationale arts-science, mars 2014.

Texte et mise en scène de Pascale Henri.

Le degré zéro du théâtre. L'infinité vacuité de la réflexion. Une mise en scène obsolète et sciemment dépouillée. Quelques bouts de phrases jetées ça et là.

Un espace scénique et des dialogues tentant d'illustrer l'incommunicabilité en entreprise, microcosme du monde froid numérisé qui nous entoure. Quel programme ! Un théâtre social galvaudé qui se veut dénonciateur, accusateur, dans le but d'alerter et de faire prendre conscience, de réveiller en nous notre part d'humanité que nous sommes censés avoir oubliée, annihilée, étouffée pour répondre aux exigences sociales et professionnelles. Heureusement que cette pièce existe pour nous extirper de notre apathie légendaire, nous qui sommes simplistes et sans aucun esprit critique, baignant très communément dans une léthargie assumée et une ignorance crasse. L'auteur veut créer des émotions avec du rationnel et une suite de situations surannées. Ça ne fonctionne jamais. Elle intellectualise tout et nous demande d'être émus.

A qui peut bien s'adresser son théâtre ?

Les vrais intellos n'ont pas de temps à perdre.
Les vrais travailleurs n'ont pas de temps à perdre.
Ce théâtre a du plomb dans l'aile. L'incommunicabilité réside là.

Après la représentation, P. Henry accapare le micro et la parole pour expliquer pendant vingt bonnes minutes ce qu'elle cherche à faire et à provoquer chez nous, les très basiques, tantôt animal tantôt robotisé - que nous étions avant de croiser sa route -, bref sans nuances. C'est bien connu, la plèbe bien heureuse se larve dans sa vie étriquée, tremblant devant un patron, piétinant son voisin, méprisant son prochain, dans une totale méconnaissance de la société et des souffrances occasionnées parfois par le travail. Les suicidaires peuvent se pendre sous notre nez. Nous sommes trop accaparés par nous mêmes pour les voir et les aider. Au mieux, on les aidera à faire le nœud autour de leur cou.


Elle bombarde à coups de truismes et d'explications fallacieuses, se voulant altruiste et rebelle, allant jusqu'à faire un parallèle avec le despotisme d'Hitler - s'érigeant en grand défenseur de l'espèce humaine.

Car elle, elle les maîtrise plutôt bien les ficelles de la communication orale.
Hors représentations.
Alors sa quête soliloque.