Fin août, en présence de Samuel Theis, acteur et réalisateur.
Film réalisé par Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis.
Angélique, marquise des... hommes.
Une femme libre, pour de vrai.
Entre documentaire et fiction, un cinéma aux formes hybrides dans lequel les acteurs sont d'un naturel criant de vérité. Il s'agit là d'Angélique Litzenburger, et de ses quatre enfants, dont l'un des réalisateurs du film, Samuel Theis.
Hormis S. Theis, aucun des acteurs du film n'avaient joué auparavant. Ils ne sont pas acteurs. Et pourtant... ils jouent dans ce film avec une efficacité redoutable. Tout y est spontané, du rire aux larmes, en passant par les moments de doute et de drague, d'émotion et de drôlerie. Le jeu est d'une fraîcheur incroyable. Entre candeur et générosité.
Alors qu'on est à... Forbach, dans un milieu extrêmement populaire, qui flirte à chaque instant avec la vulgarité et la bêtise crasse.
La réalisation aussi est intelligente. Les scènes les plus banales, pathétiques, laides sont sublimées, transcendées. Les personnages nous apparaissent très vite dans leur entier, plein de sincérité, de finesse et d'humanité.
Jamais on y pleurniche sur son sort médiocre, jamais ne sont mis en avant le manque d'argent, les histoires de sexe, les rancœurs ou les jalousies. Non. Juste l'Amour inconditionnel qu'il arrive que l'on se porte parfois au sein d'une famille, même si celle-ci est loin d'être conforme. Une histoire d'amitié aussi.
Cet Amour qu'Angélique a en elle - malgré sa vie dissolue et fracassante de "party girl", reine de la nuit, danseuse de cabaret pendant 35 ans, entraîneuse, alcoolique et fêtarde -, elle ne cessera de le distiller autour d'elle. Toujours. Angélique. C'est l'histoire d'une femme libre. D'une femme qui aime la vie, les hommes, l'amour. C'est le portrait d'une femme fidèle à ce qu'elle est. Sans compromis. Parfois absente, et, de fait, souvent défaillante.
Toujours aimante.
Une femme à aimer.
A la fin, elle dit non à Michel (Joseph Bour, autre excellent "non acteur"). Non. Elle a essayé. Essayé, essayé. Elle n'y parvient pas. Elle ne se fait pas à cette vie bien rangée, étriquée, de femme au foyer, de gentille retraitée. Loin des lumières et des étoiles du cabaret. Non, elle ne peut pas vivre avec Michel.
Et d'abord parce qu'elle n'est pas... amoureuse de lui !
Elle va avoir soixante ans. Un croisement de la vie. Un visage, un corps qui ont connu tous les excès. Mais Angélique, c'est un cœur de princesse. Toujours pure, toujours tendre, prêt à être émue encore. Elle rêve toujours du prince charmant.
Cette histoire d'amour, c'est aussi et sans doute d'abord, la déclaration d'un fils pour sa mère, qu'il re-met en lumière en lui offrant peut-être le plus beau rôle de sa vie.
La magie surprenante de ce film opère et vient délicatement nous cueillir.
Evidemment, une authenticité comme celle-là, ça ne fonctionne qu'une fois. Alors, apprécions cette petite pépite fragile, brillante et rock n'roll qui scintille un instant dans la nuit.
Une profonde respiration.
Une mention spéciale pour la bande originale du film, Party Girl de Chinawoman.